• Fabienne Kisvel, interview

     Merci beaucoup à l'auteur d'avoir pris le temps de répondre à ces questions, merci d'y avoir répondu avec beaucoup de détails happy

     

    1. D’où vous vient l’envie d’écrire ? Comment avez-vous commencé ?

    Adolescente, je n’ai jamais écrit de journal intime, mais une multitude de poèmes et de petites nouvelles dont il ne me reste pas grand-chose… Je me suis toujours raconté des histoires, commencé bien des livres, mais c’est à la suite du film « La rançon » avec Mel Gibson que j’ai été jusqu’au bout du récit. Ce film, qui relate la prise d’otage d’un enfant, montre que les scénarios sont souvent montés autour des ravisseurs ou des personnes qui se battent pour récupérer l’otage, mais, dans les deux cas, on ne parle pas du ressenti et du vécu du captif. C’est en m’appuyant sur mon expérience professionnelle (psychologue spécialisée dans le syndrome de stress post-traumatique) que j’ai écrit mon premier roman, « Éclipse de vie », en 2012.

     

    2. Votre livre préféré ?

    Celui que j’emmènerai sur une île déserte ? Le Petit Prince de Saint Exupéry.

     

    3. Votre façon d’écrire. Plutôt clavier et ordi ou encre et papier ? Avec un plan bien défini ou une trame légère qui laisse place aux imprévues ? Pourquoi ? Perfectionniste ou non ? Un peu, beaucoup, trop ?

    Plutôt clavier, avec plein de petits bouts de papier que je sème partout avec une multitude de phrases, mots, idées... Un plan ? Plus ou moins, je dirais une trame et une écriture non linéaire, ce qui est parfois un problème pour raccrocher les morceaux... Parce que suivant l’humeur du jour, on a envie d’écrire une scène dramatique ou d’amour, ou de décrire un beau paysage. Oui, plutôt perfectionniste, j’y reviens souvent, je change un mot, un verbe, je cherche celui qui correspond le mieux à ce que je veux dire, surtout aux ressentis, cela correspond à des différences imperceptibles, mais c’est là toute la richesse de la langue française.

     

    4. Votre relation avec vos personnages ?

    Très affective, il faut que je les aime avec leurs qualités et leurs défauts, quant aux méchants, je les hais véritablement, mais je crée rarement des personnages manichéens, je pense qu’il y a une part de lumière et une part d’ombre dans chaque individu. Bref, mes sentiments par rapport à mes personnages sont plutôt exacerbés.

     

    5. Et avec vos livres ?

    Eh bien, curieusement c’est un peu comme avec un bébé, au début, on le materne, on ne le laisse pas être lu par tout le monde, on a de grandes espérances, et puis petit à petit, on le laisse plus libre, voler de ses propres ailes. Les lecteurs peuvent s’en emparer...

     

    6. Trois mots qui définissent « écrire ». (+ explications, si vous le souhaitez)

    Être dans sa bulle, vivre intensément une autre histoire, palpiter, se couper aussi du monde réel.

     

    7. Même question avec « lire ».

    S’évader, s’émouvoir (ou pas), découvrir.

     

    8. Ça vous fait quoi de rencontrer vos lecteurs ?

    J’adore ! C’est une véritable récompense, le partage, la vision de l’autre qui peut être si différente de la mienne, et ce que l’on a raconté et qui vous échappe... Je dis toujours qu’un livre c’est comme un tableau, il ne peut vivre qu’à travers le regard de l’autre... Seul dans le noir, il ne sert à rien et, il meurt.

     

    9. Vos sources d’inspirations ? Plutôt films et livres ou réalité ? Un mix des deux ? Autre chose ?

    Alors là difficile... Tout, la vie quoi... et, les films, une scène, un acteur, un moment bouleversant. Mais aussi les odeurs, les couleurs et les lieux des pays dans lesquels j’ai vécu, ou que j’ai visité, quelquefois, les histoires extraordinaires des gens ordinaires… Pas trop les livres, je crois que bizarrement, j’ai besoin du visuel. D’ailleurs, je décris toujours des images ou des scènes que j’ai dans la tête.

     

    10. Le problème de la page blanche, petits déboires et grandes impressions. (Sujet de rédaction du jour.)

    Non, pas vraiment de page blanche, parce que si je n’ai pas l’inspiration, je fais un autre chapitre (d’où le problème de la linéarité), j’ai même plusieurs livres en incubation, je peux aller de l’un à l’autre. Les déboires ? Lorsque je m’aperçois que ce que j’ai écrit deux mois auparavant ne correspond plus, par exemple je parle d’un personnage secondaire et j’ai oublié que je l’avais tué... Grandes impressions : Lorsque je reprends le début d’un livre et que je ne me souviens plus de certains passages (je mets deux ans à écrire un roman) et que, bêtement, mon cœur palpite, alors là, je sais que c’est bien, car ce que je cherche, avant tout, c’est l’émotion.

     

    11. Avez-vous déjà écrit à quatre mains ? Tenté d’essayer/recommencer ? Pourquoi ?

    Je n’ai jamais écrit à quatre mains... Pourquoi pas ? Le problème c’est de trouver le temps (et bien sûr la personne), parce que j’ai trois enfants, je travaille en tant que psychologue, et que je fais déjà ce que je peux pour trouver du temps à moi pour écrire...

     

    12. Utilisez-vous des fiches pour créer vos personnages ?

    Non, pour quoi faire ?

     

    13. Comment vous est venue l’idée de L’homme en bas de chez elle ?

    J’avais très envie d’écrire sur l’Afrique ; j’ai passé mes années de lycée au Gabon et j’ai gardé de ce continent le souvenir d’une terre de contraste ; alliant luxuriance et aridité, opulence et famine, pluies diluviennes et soleil de feu, silence et rythmes… Et, une phrase rapportée par une amie infirmière a été le déclenchement de la genèse du personnage de Mathieu ; un SDF, un peu rudoyé, aux urgences s’était écrié : « Je suis un être humain tout de même, et vous ne savez rien de moi et de mon histoire ! »

     

     

    14. De quels personnages vous sentez-vous la plus proche ?

    Je préfère mes personnages masculins, j’aime leur fragilité, je crois que les femmes sont plus fortes. Il faut que je sois un peu à la place de l’héroïne et que je tombe amoureuse, il me semble que mes personnages féminins sont moins attachants.

     

    15. Avez-vous, dans votre vie, connu un homme qui vous a inspiré Mathieu ?

    Non, vraiment pas, c’est un savant mélange et puis nous ne sommes jamais dans la tête de l’autre, alors que je suis dans la tête du héros de l’histoire.

     

    16. Avez-vous déjà visité les pays dans lesquels se rendent les personnages ?

    Oui, je connais les lieux que je décris dans « l’homme en bas de chez elle », ce qui ne sera pas le cas dans mon prochain roman.

     

    17. Y aura-t-il une suite de prévue ? Si oui, pouvez-vous nous dire la date ?

    Il y a une suite qui est écrite au trois quarts, j’espère l’avoir finie pour le mois de mai/juin 2017. Le titre provisoire est « Les neiges assassines » (scoop !). Nous rejoignons Mathieu en Afghanistan pour un périple terrifiant dans les montagnes de l’Hindou Kouch, où il tentera de sauver Marie...

     

    18. Qu’avez-vous voulu transmettre à travers ce roman ?

    Je ne sais pas si je cherche vraiment à transmettre un message... Sûrement à dénoncer, mais, surtout à conter.

     

    19. Avant de vous laisser retourner vaquer à vos occupations, je m’excuse de vous avoir embêté et je vous remercie d’éclairer nos lanternes sur ces quelques questions (pour le blog, certes, mais je dois bien l’avouer, aussi un peu pour notre curiosité personnelle). Je vais vous demander encore deux petites choses… D’abord, si vous avez quelques mots que vous souhaitez faire passer ? Un petit message ?

    Peut-être d’abord un coup de gueule. Je lis énormément, au moins un livre par semaine et je dois bien dire que seulement quelques-uns (deux ou trois par an) retiennent mon attention, je comprends de moins en moins le choix des éditeurs... Si nous ne tenons pas compte des gens connus qu’il est plus facile de vendre, d’autres livres trouvent leur place dans les librairies qui sont totalement inintéressants. On s’ennuie à les lire, on ne s’attache pas aux protagonistes ; ils peuvent être torturés, battus, disparaître, on s’en fou complètement, il y a parfois une forme de masturbation intellectuelle où l’auteur se perd dans des digressions abracadabrantes. Un livre doit nous émouvoir, nous faire trembler, vibrer, raconter du drame, de l’aventure, de l’amour (sans tomber dans la new romance souvent en très mauvais français). Il doit y avoir une vraie histoire avec du rythme, de belles descriptions, du suspense, c’est un peu comme un film, il ne suffit pas d’avoir un titre, de bons acteurs, de beaux décors pour que le film soit bon, il faut d’abord un vrai scénario ! Et d’autre part, merci à vous mes lectrices et lecteurs, et aux bloqueuses, blogueurs, sans vous, nous auteurs « autopubliés », n’existerions pas. Ce sont vos chroniques, vos avis, et le bouche-à-oreille, qui permet aux bons livres, ceux qui nous donnent du plaisir, de prospérer et de s’épanouir, et qui nous permettent nous auteurs d’avoir envie de continuer à vous raconter de belles histoires.

     

    20. Et enfin (j’espère ici une réponse spontanée, sans réflexion aucune) pourquoi aimez-vous écrire ?

    Alors en trois mots ? S’évader, dénoncer, raconter. 


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