• Céline Landressie, interview

    Nous remercions Céline Landrssie d'avoir répondu à nos questions avec sincérité, honnête et détails ! Merci de vous être prêté au jeu. 

     

    1. D’où vous vient l’envie d’écrire ? Comment avez-vous commencé ?

        

      Je ne sais pas d’où elle vient, elle a toujours été là. Aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours eu recours à l’écrit pour exprimer soit mes réflexions, soit mon imaginaire. La première nouvelle que j’ai couchée sur papier, j’avais neuf ans. Je l’ai tapée sur la machine à écrire de ma mère (qui faisait un boucan de tous les diables !). Mais il m’aura fallu longtemps pour envisager de réellement me lancer dans ce métier. Premièrement car je savais que c’était là une voie extrêmement difficile, et sans grand espoir ; et aussi car je considérais ne pas avoir le niveau requis. J’ai d’ailleurs détruit au fur et à mesure tout ce que j’ai pu produire avant « la Floraison » ^^’.

       

       

    2. Votre livre préféré ?

       

      Spontanément, je dirais l’Histoire Sans Fin, de Michael Ende. Ce livre a vraiment marqué mes jeunes années, j’ai passé de longues heures à rêver de ce monde, merveilleux et parfois inquiétant.

       

        

    3. Votre façon d’écrire. Plutôt clavier et ordi ou encre et papier ? Avec un plan bien défini ou une trame légère qui laisse place aux imprévues ? Pourquoi ? Perfectionniste ou non ? Un peu, beaucoup, trop ?

       

      J’écris 98% sur traitement de texte, mais lorsque je rencontre un blocage, je le contourne en général en reprenant crayon et papier pour quelques pages. Les notes concernant l’univers sont prises pour moitié à la main et pour moitié par ordinateur, ce qui représente au final un très gros volume d’informations.

       

      J’établis un plan pour chaque tome. Ayant une vision précise de cet univers et de ce qu’il s’y produit (ou va s’y produire), je me dois d’être rigoureuse. Laisser courir la plume ne conviendrait pas du tout à un projet comme celui-ci. Toutefois, le plan ne contient que les grandes lignes du récit, et quelques « moyennes lignes ». Le reste est à la discrétion des personnages, de leurs humeurs et de leurs réactions. J’ai appris à ne pas chercher à contrecarrer « leur volonté », faute de quoi le récit n’avance plus d’un pouce :’) !

       

      Perfectionniste, oui. À outrance. Lorsque je confie le manuscrit d’un tome, il a été lu, relu et peaufiné une bonne dizaine de fois, jusqu’à ce que tout me semble y être. Si pour quelques raisons, je n’ai pas le temps matériel de lire et relire comme je le souhaite, je garde un goût d’inachevé insupportable. Je ne peux pas rendre un manuscrit dans ces conditions ^^’ Écrire est pour moi un métier, pas un hobby. J’aborde donc la chose avec autant de conscience professionnelle qu’un artisan passionné par son métier, si je puis me permettre ce parallèle. Cela engendre beaucoup de stress, mais aussi de perpétuels challenges qui m’empêchent de me « reposer sur mes lauriers ». À la fois un bien et un mal, en somme, mais l’on ne se refait pas ^^’

       

       

    4. Votre relation avec vos personnages ?

       

      Fusionnelle. Je sais déjà que lorsque la saga et les spin-offs (si j’ai la chance de pouvoir tous les rédiger) seront achevés, ils vont beaucoup me manquer. J’ai passé un tel nombre d’heures à me consacrer à eux, à les « écouter » si je puis dire, qu’ils font partie de ma vie. Cela dit, j’ai plusieurs autres projets littéraires en tête - de plus en plus, à vrai dire -, alors il faudra bien trouver un équilibre ^^ !

       

       

    5. Et avec vos livres ?

       

      Conflictuelle, pour l’instant. Conséquence du perfectionnisme mentionné plus haut, ainsi que de diverses péripéties survenues durant leur création. Aussi je m’efforce de ne les considérer que pour ce qu’ils contiennent, et non pas pour les événements bien réels, et fort pénibles, qu’ils peuvent me remémorer.

       

       

    6. Trois mots qui définissent « écrire ». (+ explications, si vous le souhaitez)

       

      Exigence, persévérance et espoir. Il faut beaucoup des trois pour tenir dans le monde du livre et de l’édition, lequel est très loin d’être un long fleuve tranquille.

       

    7. Même question avec « lire ».

       

      Empathie, attention et voyage. Car sans les deux premiers, le troisième peut difficilement avoir lieu. En revanche, si tous les ingrédients y sont, je ne connais pas de plus grand dépaysement ou de plus grand bol de fraîcheur que la lecture.

       

    8. Ça vous fait quoi de rencontrer vos lecteurs ?

       

      Cela a toujours un goût de rêve éveillé ! C’est incroyable de rencontrer des personnes qui ont lu votre prose et, mieux, qui s’enthousiasment pour elle. C’est une chance, un honneur, de pouvoir vivre ces moments. Je suis déjà très reconnaissante aux lecteurs qui s’intéressent à la saga, cela me touche beaucoup que de surcroît l’on puisse avoir envie de passer me dire un petit bonjour ^^’ !

      Puis c’est terriblement précieux, car c’est grâce aux lecteurs qu’une œuvre peut survivre. Sans lecteurs, pas d’auteurs, tout simplement. L’époque des mécènes étant révolue, être publié relève davantage de questions financières et commerciales que de passion pour les Lettres. Il ne faut pas se leurrer, un titre qui ne paraît pas « réussir » financièrement aux yeux de ceux qui le financent est voué à la disparation. Alors, évidemment, rencontrer les lecteurs induit autant de choses émouvantes à titre personnel que de l’espoir à l’état brut pour la saga :)

       

       

    9. Vos sources d’inspirations ? Plutôt films et livres ou réalité ? Un mix des deux ? Autre chose ?

       

      Un mix des deux, de nombreux livres et films de tous poils m’ont interpellée.  Mais l’inspiration vient surtout de ce qui me préoccupe dans la vie réelle. Les questions que je peux me poser, les espoirs ou déceptions, les grandes joies comme les grandes peines. La vie elle-même, en somme.

       

       

    10. Le problème de la page blanche, petits déboires et grandes impressions. (Sujet de rédaction du jour.)

       

      La page blanche est, en ce qui me concerne, directement lié au taux de stress. Plus celui-ci est élevé, moins la créativité pourra s’exprimer. Les déboires et soucis de santé ayant été nombreux au cours des dernières années, l’inspiration a souffert, engendrant de nombreuses journées de « pages blanches ». C’est ennuyeux car cela ralentit le processus, or personne n’a envie de piétiner, quel que ce soit le projet en cours. Puis, dans ce type de phase, on a tendance à se croire « rouillé », à penser que l’on n’y arrivera plus, ou que l’on s’échine pour rien, et blablabla… C’est pénible, mais tous les métiers artistiques sont soumis aux mêmes aléas, puisque tous sont liés à la disponibilité créative de l’esprit. Il faut apprendre à composer avec ces mauvaises passes et à trouver son chemin, même s’il est très lent, car mieux vaut avancer un petit peu que pas du tout ^^ ! « Après la pluie, le beau temps », prétend le dicton. En s’accrochant, les périodes de panne sèche finissent toujours par passer.

       

       

    11. Avez-vous déjà écrit à quatre mains ? Tenté d’essayer/recommencer ? Pourquoi ?

       

      Non, jamais. Pas tentée d’essayer, plutôt réfractaire à l’idée car cela ne me conviendrait pas, je ne pense pas avoir une méthode de travail compatible avec un tel projet. Je suis bien trop maniaque, ai une vision trop pointue du résultat souhaité, et travaille/pense trop les textes dans leurs moindres détails/double sens/etc pour pouvoir m’adapter à l’immixtion de quelqu’un d’autre, quel qu’il soit.

      Mais peut-être qu’avec le temps, et surtout sur d’autres types de projets, mon point de vue sur la question évoluera :)

       

        

    12. Utilisez-vous des fiches pour créer vos personnages ?

       

      C’est le contraire, en fait. Une fois qu’il a « pris corps », il donne lieu à une fiche, car il faut pallier les déficiences mémorielles, même lorsqu’on est l’auteur ^^’. Le recours aux notes est indispensable pour se souvenir de tous les éléments importants, d’un tome à l’autre. Mais ça s’arrête là. Si la question sous-entendait : « avez-vous une fiche préétablie que vous remplissez, un champ après l’autre champ, pour créer l’ossature d’un nouveau personnage », la réponse est non. Les personnages naissent spontanément, et souvent de manière impromptue.

       

       

    13. D'où vous est venue l'idée de Rose Morte ?

       

      L’idée m’est venue alors que je créais un personnage, a priori anodin, dans un jeu vidéo. Rapidement, ledit personnage a totalement échappé au simple divertissement. L’imaginaire a pris presque tout de suite le relais, me brossant un portrait du personnage que je jugeais captivant. Puis s’est révélé à sa suite un univers complexe, trop riche pour que je le laisse à l’état d’idée flottante. J’ai alors commencé à prendre des notes, à écrire quelques pages en pensant en faire une nouvelle… puis un roman… puis il s’est avéré que rien de tout cela ne rentrerait en un seul tome. Si je voulais consigner cette histoire, ce serait forcément une saga.

       

       

    14. Comment avez-vois créer cet univers si riche ?

       

      Voir à la question ci-dessus :) ! Je n’ai pas la sensation de l’avoir créé, il semble qu’il se soit créé tout seul quelque part dans un recoin de mon subconscient, avant de remonter à la surface une fois prêt. Néanmoins, je passe beaucoup de temps à développer divers points de cet univers « spontané » en effectuant les recherches adéquates. Lorsque je rédige, je m’efforce de savoir un minimum de quoi je parle - une autre raison qui demande beaucoup de temps pour la création d’un tome de RM : les recherches, essentiellement historiques -, alors je creuse. Force est de constater que ce que j’ai pu trouver a beaucoup étayé l’inspiration, ou l’intuition, initiale.

       

       

    15. La relation Rose/ Artus peut-elle évoluer vers une histoire d'amour ?

       

      Parce que ce n’est pas déjà le cas ^^ ?  Rose Morte n’a jamais été une romance balisée, à l’eau de rose (sans mauvais jeu de mots) et ne le deviendra pas. Ce projet s’attarde sur la difficulté, parfois insurmontable, des relations humaines. Lesquelles relations sont, dans le monde réel, multiples, complexes, semées d’embûches et fréquemment douloureuses. D’ailleurs, en règle générale, plus le lien est passionnel et plus mal les choses se passent. Or, les relations que nous entretenons avec notre prochain (élu de notre cœur, famille, ami, voisin, collègue, etc) conditionnent les choix que nous faisons, la manière dont nous allons évoluer, dont nous allons appréhender les autres. Tout, strictement tout, est d’abord question de relations humaines. C’est là-dessus que se penche principalement la saga.

      C’est aussi pourquoi jeter son dévolu sur Rose Morte pour occuper une soirée de déprime serait probablement mal inspiré. Cette saga n’est pas taillée pour remonter le moral ou apporter du réconfort quant au monde et à la nature humaine ^^’. S’il faut situer le projet, alors sans conteste il s’agit d’une saga dans la veine (hum…toujours sans jeu de mots ^^) des romans fantastiques/gothiques du 19e siècle. À savoir : sombre, pragmatique malgré la dimension fantastique, mais aussi émotionnellement touffu.

       

       

    16. Artus laissera-il une plus grande liberté à Rose par la suite

       

      Rose est une femme très indépendante, bien trop pour son époque. Rien ni personne ne peut entraver cela, elle est parfaitement libre. Les efforts et concessions qu’elle a pu fournir furent faits par amour, non par contrainte. Quant à Artus, il a une lourde charge sur les épaules, laquelle requiert une vigilance sans faille. Ceci explique sans doute le « cela », dont vous gardez l’impression ^^

       

       

    17. Y aura-il un tome 4 ? Combien de tomes comptera approximativement la série ?

       

      Un tome 4 et un tome 5. La saga « principale » a toujours été annoncée en 5 tomes depuis sa parution en grand format, il y a 4 ans. Toutes les infos sont à disposition sur la page facebook, ou le site :)

       

       

    18. Pouvez-vous en dire un peu plus sur l'Érudit et sur ce qu'il souhaite vraiment ?

       

      Répondre à cette question donnerait une illustration parfaite à l’expression : «  se tirer une balle dans le pied » x’) ! Ce point est l’un des axes principaux de la saga, je suis désolée mais le seul moyen d’en apprendre plus sera… de lire :D

       

       

    19. Avant de vous laissé retourner vaquer à vos occupations, je m’excuse de vous avoir embêté et je vous remercie d’éclairer nos lanternes sur ces quelques questions (pour le blog, certes, mais je dois bien l’avouer, aussi un peu pour notre curiosité personnelle). Je vais vous demander encore deux petites choses… D’abord, si vous avez quelques mots que vous souhaitez faire passer ? Un petit message ?

       

      Vous ne m’avez pas embêtée du tout ! Au contraire, je vous remercie toutes deux de votre intérêt :)

      Si j’ai un message ? Oui, encore et toujours le même : milles fois merci aux lecteurs qui suivent et soutiennent inlassablement cette saga. Vous êtes nombreux à avoir témoigné votre impatience  et enthousiasme pour le tome 4, ainsi que les projets de spin-off (notamment  Bleu Nuit , héhé ^^), je ne saurais dire combien c’est revitalisant, réconfortant, et important. Je vais rabâcher, mais sans vous, lecteurs, aucun projet ne peut survivre. À commencer par celui-là. Alors, merci, merci beaucoup !

       

       

    20. Et enfin, (j’espère ici une réponse spontanée, sans réflexion aucune) pourquoi aimez-vous écrire ?

       

      Pour rêver. Et aussi parce que ça me donne l’illusion de pouvoir - peut-être, avec un peu de chance - toucher le cœur des gens.

     


    Tags Tags : , , , , , , ,
  • Commentaires

    2
    Adrien Eikichigo
    Mardi 30 Août 2016 à 20:05
    Adrien Eikichigo

    Depuis que j'ai rencontré Céline à un salon Geek (souvenir inoubliable car j'adore discuter) j'ai découvert un univers passionnant. Je reste et resterai un lecteur de ses oeuvres. Merci pour avoir interviewé cette talentueuse artiste. Elle mérite le succès. :)

      • Mercredi 31 Août 2016 à 11:27

        C'es vrai qu'elle est talentueuse et est très proche de ses lecteurs !

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :